A l'est, du nouveau !

Quel rapport entre la philosophie, la Chine et le monde de l’entreprise ? Loin de ressembler à un inventaire à la Prévert, les trois termes présentent un lien plus fort qu’il n’y paraît : le livre que Sun Tzu a consacré à la stratégie est un grand classique auquel les militaires se réfèrent depuis longtemps. Plus récemment, le monde de l’entreprise s’est intéressé à ce monument de la pensée et de l’action. Or cet ouvrage n’est pas un traité isolé, élaboré par un individu d’exception : il prend ses racines dans une culture différente — à bien des égards — de la nôtre et qui lui donne toute sa pertinence.
Professeur de philosophie à l’Université Paris VII et directeur, notamment, de l’Institut de la pensée contemporaine, François Jullien est un sinologue reconnu. Son Traité de l’efficacité — auquel la crise que nous traversons semble redonner toute son actualité — remet en question quantité d’évidences occidentales : les modèles que nous appliquons tous les jours — dans la vie comme dans l’entreprise — sont mis à mal.
Ainsi, pour réussir, nous semble-t-il naturel — professionnel même — de définir des objectifs, de bâtir des plans d’actions réfléchis et méthodiques, et d’en assurer pas à pas la mise en œuvre. Nous cherchons alors à prédéterminer le cours des événements et tentons de raccrocher la réalité à notre plan idéal.
Mais les faits sont têtus : car les choses semblent ne jamais vouloir se dérouler comme prévu ! Ainsi, luttons-nous en permanence contre la réalité, pour parvenir à nos fins. Après tout, le vrai héros n’est-il pas celui qui réussit à faire plier la réalité ?
Dans la culture chinoise, rien de tel ! « Le stratège chinois — nous dit François Jullien — ne projette ni ne construit rien ». Il n’a pas même d’objectif précis, prédéterminé à l’avance. Son unique préoccupation est de tirer parti du « potentiel de situation » : quels sont les facteurs favorables de la situation actuelle et comment les utiliser au mieux à son avantage ? Ainsi, il s’agit moins « de faire » que « d’accompagner l’effet » : une redoutable efficacité — « efficience » dirait François Jullien.
Car cette approche transforme radicalement la notion d’action accomplie dans l’espoir d’un résultat. En réalité, explique l’auteur, le stratège chinois, en fin observateur, oriente toute son attention sur le recueil et le traitement de l’information. Là où l’occidental tente de faire plier les circonstances sous le poids de sa volonté, le chinois minimise son effort et obtient un résultat qui le comble en se limitant à quelques interventions marginales : de petites touches dont l’idéal est qu’elles passent inaperçues ! Ainsi, François Jullien n’hésite pas à baptiser sa conclusion : « Eloge de la facilité ».
A l’heure où mondialisation et crise systémique semblent brouiller les cartes et rendre toute réflexion stratégique — même à moyen terme — difficile et hasardeuse, le regard décalé de François Jullien ne nous offre-t-il pas de nouvelles pistes pour revisiter notre management et piloter nos entreprises ? N’hésitez pas à nous faire partager vos réflexions ou vos expériences !
Professeur de philosophie à l’Université Paris VII et directeur, notamment, de l’Institut de la pensée contemporaine, François Jullien est un sinologue reconnu. Son Traité de l’efficacité — auquel la crise que nous traversons semble redonner toute son actualité — remet en question quantité d’évidences occidentales : les modèles que nous appliquons tous les jours — dans la vie comme dans l’entreprise — sont mis à mal.
Ainsi, pour réussir, nous semble-t-il naturel — professionnel même — de définir des objectifs, de bâtir des plans d’actions réfléchis et méthodiques, et d’en assurer pas à pas la mise en œuvre. Nous cherchons alors à prédéterminer le cours des événements et tentons de raccrocher la réalité à notre plan idéal.
Mais les faits sont têtus : car les choses semblent ne jamais vouloir se dérouler comme prévu ! Ainsi, luttons-nous en permanence contre la réalité, pour parvenir à nos fins. Après tout, le vrai héros n’est-il pas celui qui réussit à faire plier la réalité ?
Dans la culture chinoise, rien de tel ! « Le stratège chinois — nous dit François Jullien — ne projette ni ne construit rien ». Il n’a pas même d’objectif précis, prédéterminé à l’avance. Son unique préoccupation est de tirer parti du « potentiel de situation » : quels sont les facteurs favorables de la situation actuelle et comment les utiliser au mieux à son avantage ? Ainsi, il s’agit moins « de faire » que « d’accompagner l’effet » : une redoutable efficacité — « efficience » dirait François Jullien.
Car cette approche transforme radicalement la notion d’action accomplie dans l’espoir d’un résultat. En réalité, explique l’auteur, le stratège chinois, en fin observateur, oriente toute son attention sur le recueil et le traitement de l’information. Là où l’occidental tente de faire plier les circonstances sous le poids de sa volonté, le chinois minimise son effort et obtient un résultat qui le comble en se limitant à quelques interventions marginales : de petites touches dont l’idéal est qu’elles passent inaperçues ! Ainsi, François Jullien n’hésite pas à baptiser sa conclusion : « Eloge de la facilité ».
A l’heure où mondialisation et crise systémique semblent brouiller les cartes et rendre toute réflexion stratégique — même à moyen terme — difficile et hasardeuse, le regard décalé de François Jullien ne nous offre-t-il pas de nouvelles pistes pour revisiter notre management et piloter nos entreprises ? N’hésitez pas à nous faire partager vos réflexions ou vos expériences !
A lire :
François Jullien - Le traité de l’efficacité - Ed.Grasset ; 1996 / Livre de Poche ; 2002